Gorgebleue à miroir
Luscinia svecica
Répartition régionale
La Gorgebleue à miroir se reproduit d’une manière certaine ou probable, quasi continûment, sur la bordure maritime et dans les marais intérieurs de la Vendée et de la Loire-Atlantique (Brière, lac de Grand-Lieu, Vallée de l’Erdre, Basse-Loire, marais de Vilaine). Dans ces secteurs, c’est la gorgebleue à miroir de Nantes qui se reproduit. (L.s. namnetum). Bien que le manque de relations phylogénétiques bien tranchées remette parfois en cause le statut des différentes sous-espèces, la Gorgebleue à miroir de Nantes vient de voir son statut d’endémique de la côte atlantique conforté par des particularités physiologiques. Par ailleurs, la gorgebleue se reproduit depuis peu dans la Sarthe mais la sous-espèce n’est pas encore précisée.
Biologie et écologie de la reproduction
La Gorgebleue se reproduit préférentiellement dans les zones humides halophiles ou dulçaquicoles. Elle fréquente les talus des marais salants de Guérande ou de Noirmoutier abandonnés ou en exploitation et recouverts de buissons de Soude vraie, les prés-salés du Marais Poitevin occidental où se développent le Chiendent marin et les phragmites, ainsi que les rives des chenaux et les digues.
En milieu plus doux, elle s’installe dans les phragmitaies-cariçaies des marais briérons avec une strate arbustive éparse ou dans les roselières de l’estuaire de la Loire. Cette espèce trouve dans ces milieux de quoi satisfaire ses exigences écologiques par la présence des buissons qui lui offrent des postes de chant et des sites de nid à l’abri des prédateurs, par une végétation suffisamment ouverte qui permet un déplacement à l’abri et par les plages de vase humide. Elle montre même une capacité d’adaptation aux milieux artificiels de culture intensive traversés de fossés humides qui rappellent le milieu naturel.
L’Arrivée des premiers migrateurs se fait dans la première quinzaine de mars, parfois dès la fin février. Les arrivées se font progressivement en fonction du sexe et de l’âge des individus, les mâles précédant les femelles et les plus âgés devançant les plus jeunes.
Historique et évolution des populations
En Europe, la population de Gorgebleues à miroir est considérée comme stable avec un accroissement des populations dans certains pays comme la France.
En France, les deux sous-espèces nicheuses ont une population estimée entre 3000 et 5000 couples pour cyanecula et à plus de 10 000 couples pour namnetum dans les années 2000.
Suite à une prospection menée en 2008 dans les marais briérons, on a évalué la population entre 3200 et 4400 couples. La population régionale est donc actuellement fortement en croissance et s’estime entre 6520 et 8650 couples.
Menaces et mesures de conservation
La Gorgebleue à miroir est une espèce protégée inscrite à l’annexe 1 de la 3directive Oiseaux ». Elle est inscrite avec un statut de « préoccupation mineure » sur les listes rouges nationale et régionale. Elle a par ailleurs été identifiée comme prioritaire à la conservation dans la région, en raison de l’importance des effectifs nicheurs régionaux.
Même si, actuellement, la Gorgebleue de Nantes a une dynamique démographique plutôt positive, elle reste vulnérable en raison de l’amplitude des fluctuations de son abondance, de la fragmentation des populations, de la dégradation des habitats et de la disparition des zones humides.
Les mesures en faveur de la conservation de cette espèce passent, en zone littorale, par une protection des marais salants et un maintien des buissons de soude vraie sur les talus, pour éviter le développement d’une végétation graminéenne trop importante.
Les digues et talus doivent faire l’objet d’une gestion modérée en limitant le pâturage pratiqué dans les marais salants, en évitant une fauche intense en pleine période de reproduction, déjà responsable d’une chute des effectifs d’environ 50% dans les secteurs de marais salants de Guérande où cette pratique est utilisée depuis 2002, et en recommandant une fauche plus tardive.
En milieu dulcicole, la protection des roselières s’impose, non seulement comme habitat de reproduction, mais encore comme zones étapes en migration, tout le long du littoral atlantique.
D’après les propos de Marie-Christine Eybert (CNRS-université Rennes 1)