Vol de Bernaches Cravant, Guérande, 27 Février 2015
Qu’est-ce que la migration ?
Le terme migrateur désigne une espèce effectuant une migration saisonnière, passant la saison de reproduction et la saison hivernale dans deux régions distinctes, selon un schéma répété d’année en année.
On appelle « Migration » l’ensemble des déplacements périodiques intervenant au cours du cycle, le plus souvent annuel, d’un animal, entre une aire de reproduction et une aire où l’animal séjourne un temps plus ou moins long, en dehors de la période de reproduction.
On oppose au terme migrateur celui de sédentaire. Un oiseau sédentaire est un oiseau qui demeure toute l’année sur un même territoire, où il se reproduit et passe la mauvaise saison.
Si les migrations d’oiseaux sont liées à des changements de saison, ce n’est pas directement le froid qui pousse les oiseaux au départ, le nombre de plumes entre les espèces sédentaires et migratrices variant peu.
La migration est d’abord une adaptation à un manque de ressources alimentaires, dans les régions où une saison hostile survient. Elle entraîne alors la disparition des proies ou des végétaux dont les oiseaux dépendent pour survivre. Sous nos contrées, la disparition des arthropodes et en particulier des insectes, contraint ainsi toutes les espèces strictement insectivores comme les hirondelles à migrer.
Les oiseaux migrateurs exploitent ainsi dans les contrées où ils nichent les ressources alimentaires à leur maximum d’abondance et évitent les périodes de pénurie en gagnant durant la mauvaise saison des régions leur permettant de subsister.
Dans nos régions, comme dans toutes celles présentant une alternance de saison, l’émergence des insectes au printemps engendre une densité et une diversité de ressources alimentaires exceptionnelles. Même si ces territoires sont inhospitaliers en hiver, ils constituent donc un habitat estival privilégié pour assurer la reproduction dans les meilleures conditions.
Pourquoi les oiseaux se déplacent-ils plus ou moins loin ?
Selon les espèces, le comportement migratoire peut-être très différent. Certaines ne vont parcourir que quelques centaines de kilomètres, lorsque d’autres effectuent presque un tour du monde chaque année. Le plus célèbre d’entre les migrateurs est la sterne arctique : elle parcourt à chaque migration pas moins de 20 000km entre l’Arctique et l’Antarctique, profitant ainsi des étés boréal et austral.
Certains petits passereaux sont également capables d’effectuer des déplacements impressionnants : le traquet motteux ou le pouillot verdâtre peuvent ainsi parcourir jusqu’à 10 000km lors d’un trajet migratoire !
Le régime alimentaire est le principal déterminant de la distance parcourue lors de la migration.
Les barrières physiques ont un impact sur le parcours de la migration : océans, montagnes, déserts, glaciers, etc … En jouant le rôle de « stop » au comportement migratoire : la migration de certaines espèces ne dépassera pas cette barrière ; c’est par exemple le cas du Sahara pour beaucoup de migrateurs : à peine 1/3 des espèces migratrices hivernant en Afrique passent cette barrière.
On classe généralement les migrateurs en deux catégories principales, sans limite nette, en fonction de leur distance de migration :
- Les migrateurs au long cours : les plus connus dans nos pays sont les migrateurs transsahariens, à aire de reproduction paléarctique et dont tous les individus (sauf de rares exceptions) hivernent au sud du Sahara. Il s’agit principalement d’espèces insectivores, dont la source d’alimentation est trop rare au Nord du Sahara en hiver.
- Les migrateurs petit et moyen courrier : les déplacements migratoires sont de l’ordre de quelques dizaines à quelques milliers de kilomètres. Ce groupe comporte peu d’insectivores stricts. Ces migrateurs partent en général plus tard en automne que les migrateurs longue distance, et ils reviennent plus tôt au printemps. La majorité des espèces de cette catégorie sont ce que l’on nomme des migrateurs partiels.
Les populations ou espèces chez lesquelles seule une partie des individus effectue une migration, ou dont le renouvellement (les oiseaux du nord remplaçant ceux du sud) donne l’impression d’une présence continue tout au long de l’année, sont dites migratrices partielles.
Avocettes Elégantes et Barges à Queues Noires, Guérande, 27 Février 2015
Quel chemin les oiseaux suivent-ils ? Quelles stratégies de vol ont-ils ?
La grande majorité des migrations dans les régions tempérées sont globalement orientées selon un axe Nord-Sud. En règle générale, les oiseaux d'Europe de l'Ouest migrent plutôt vers le Sud-Ouest à l'automne, et ceux de l'Europe de l'Est vers le Sud-Est. Presque tous les oiseaux terrestres européens migrant sur de longues distances le font vers l'Afrique.
La plupart des espèces migrent sur un front très large, mais elles peuvent orienter leur migration en fonction de la configuration géographique des leiux : les côtes ou les vallées fluviales peuvent servir de lignes directrices.
La présence d'obstacles détermine également certaines voies de migration, formant, pour le plus grand plaisir des "spotteurs", ce que l'on appelle des "entonnoirs à migrateurs", de trois principaux types.
Les planeurs sont les grands oiseaux (rapaces, échassiers) qui utilisent les courants d'air chaud ascendants pour s'élever, puis se laissent glisser jusqu'à la convection thermique suivante. Ils sont réticents à survoler la mer, l'absence d'ascendances thermiques les y obligeant à battre des ailes et donc à dépenser plus d'énergie. Ils orientent donc une grande partie de leur migration en fonction de cette contrainte : probablement près des trois quarts des rapaces d'Europe transitent ainsi par le détroit de Gibraltar et par celui du Bosphore.
Le vol battu est employé par les petits passereaux, limicoles et canards. Ils sont ainsi moins dépendants des conditions climatiques, et peuvent migrer de nuit. Les oiseaux migrant en vol battu adoptent des formations en "V".
Les sites de halte migratoire sont des lieux absolument nécessaire à la survie (milieux humides, boisés littoraux, linéaires denses, ...) pour se reposer, se nourrir et s'abreuver, ou encore s'abriter. Les zones humides sont notamment indispensables aux migrateurs de l'Europe entière (Camargue, Lac du Der, ...).
Comment s’orientent-ils ?
Repères visuels (côtes, montagnes, fleuves) : les oiseaux s’orientent par leur connaissance du terrain. Ils peuvent ainsi suivre des rivières, des vallées ou des routes, ou encore se repérer à certains pics montagneux.
Repères astronomiques (soleil, étoiles) : ils peuvent utiliser le soleil, de manière à s’orienter en fonction de sa position dans le ciel. Ils sont également sensibles aux rayons ultraviolets du soleil, qui passent à travers les nuages mais sont invisibles pour les humains. Même les oiseaux nocturnes utilisent la position du soleil, quand il se couche, pour s’orienter.
Les oiseaux qui volent de nuit s’orientent également grâce aux étoiles. Cela a pu être prouvé en mettant des oiseaux dans un planétarium et en changeant la position des étoiles.
Champ magnétique terrestre : certains oiseaux, comme les pigeons, ont des cristaux de magnétite le long de la zone olfactive de leur cerveau. Ce composé de fer et d’oxygène est le même que celui dont sont faites les aiguilles des boussoles. Le mécanisme n’est pas complètement élucidé par les biologistes.
Les pigeons voyageurs semblent affectés par les variations du champ magnétique : relâchés à des endroits où le champ magnétique terrestre est anormalement élevé, ils ont du mal à retrouver leur chemin.
Un périple risqué pour les oiseaux : dangers naturels et anthropiques …
Les dangers naturels
Au cours de leur long voyage, les oiseaux feront face à un grand nombre de dangers. C’est d’ailleurs lors de cette période de leur cycle de vie que les risques de mortalité sont les plus élevés.
La principale cause de mortalité durant la migration est la prédation, principalement pour les passereaux. Ainsi, durant leur migration (d’une durée d’environ 6 semaines), on a estimé à 10% la proportion de pinsons tués par les prédateurs.
Certains évènements climatiques, en premier lieu les tempêtes, peuvent déporter sur de longues distances certains migrateurs, en particulier ceux de petite taille, et causer une mortalité importante. Le vent, de manière générale, déporte les oiseaux qui ne modifient pas toujours leur direction de vol en fonction ; ceci, en plus des erreurs de navigation, conduit un certain nombre d’oiseaux à se perdre en mer, et y périr. Le brouillard peut également être la cause de désorientations importantes : au lieu d’un vol direct, les migrateurs peuvent se mettre à emprunter un vol circulaire ou en zigzags, et s’épuisent plus rapidement.
Les dangers anthropiques
La modification des habitats (notamment les zones humides) amoindrit la qualité et la quantité des haltes migratoires, essentielles pour que les centaines de millions d’oiseaux qui traversent nos pays puissent reconstituer leurs réserves de graisse en prévision de leur prochaine étape.
Par certaines conditions météorologiques, des hécatombes sont parfois constatées autour des phares, leur lumière attirant les migrateurs nocturnes, qui s’épuisent à tourner autour parfois jusqu’à l’épuisement total de leurs réserves. La pollution lumineuse émanant des grandes métropoles est également responsable de nombreuses collisions.
Les lignes électriques causent chaque année l’électrocution de centaines de grands migrateurs (rapaces, cigognes, grues…).
Les éoliennes constituent également une source d’inquiétude : implantées parfois de manières inconsidérées, sur de voies migratoires en particulier, elles représentent un risque de mortalité important pour les migrateurs nocturnes et les planeurs.
La chasse aux oiseaux migrateurs, si elle ne concerne pas toutes les espèces, peut avoir un impact négligeable.
Que faire pour protéger les migrateurs et comment les observer ?
Méthodes de suivi des migrateurs